Cadre anti-discriminatoire

La population itinérante est très diverse. Les sous-populations sont surreprésentées au Canada, notamment les personnes autochtones, les minorités visibles, et chez les jeunes, les personnes LGBTBA. Pourquoi cela est-il important? Bien que l’itinérance soit stigmatisante pour toutes les personnes qui en font l’expérience, de nombreuses personnes sont doublement ou triplement marginalisées pour cause de racisme, de sexisme et d’homophobie. En réalité, la discrimination est une cause identifiable d’itinérance, car lorsque les personnes font face à une discrimination active qui a une incidence sur leur capacité à obtenir un logement, un emploi ou une éducation adaptés, cela contribue à leur expérience de pauvreté et à leur susceptibilité de devenir itinérantes. Malheureusement, de nombreuses personnes continuent de subir cette incidence négative une fois dans la rue de la part d’étrangers, d’autres personnes itinérantes et, malheureusement, de nombreux fournisseurs de services.

Si les services de réponse à l’itinérance sont le dernier refuge de ces personnes et familles, il revient donc au secteur de veiller à ce que les fournisseurs de services ne contribuent pas davantage à leur discrimination et à leur marginalisation. Aucun organisme ne doit accepter des politiques ou des pratiques homophobes ou racistes, par exemple. À titre d’exemple, les jeunes transgenres doivent pouvoir espérer bénéficier de leurs pleins droits, du respect et de la protection auxquels ils ont bien entendu droit. Les jeunes femmes, qui pour beaucoup ont été victimes d’exploitation et de violences sexuelles, ne doivent pas être forcées à recevoir des services qui comprennent une clientèle mixte, car cela pourrait avoir des conséquences sur leur sécurité et leur bien-être. Les services de réponse à l’itinérance, y compris les services d’urgence, doivent donc instituer des politiques contre la discrimination et veiller à leur pratique, ce qui signifie l’offre de formations et de soutiens au personnel et l’assurance de l’établissement de mesures de conformité. La première règle des soutiens d’urgence devrait être de ne pas causer de tort. L’itinérance à titre de problème socioéconomique concerne, sous bien des aspects, la marginalisation. La réponse aux situations de crise ne devrait pas aggraver cette dernière.

DE : Gaetz, S. (2014). Coming of Age - Reimagining the Response to Youth Homelessness in Canada. Homeless Hub Research Report Series.