Jeunes

De nombreux termes sont utilisés pour décrire les jeunes itinérants, y compris jeunes de la rue, jeunes en fugue, jeunes itinérants, etc. Les jeunes itinérants sont des jeunes âgés de 13 à 24 ans qui vivent sans leurs parents ou aidants naturels et qui ne disposent pas de beaucoup des soutiens sociaux jugés nécessaires au passage de l’enfance à l’âge adulte. Dans ces circonstances, ils n’ont pas de résidence ou de source de revenu stable et constant, et ne bénéficient pas nécessairement d’un accès adéquat au réseau de soutien nécessaire pour favoriser une transition sûre et favorable aux responsabilités de l’âge adulte.

Au cours d’une année, au moins 35 000 jeunes deviennent itinérants et chaque nuit, 6000 jeunes pourraient être en situation d’itinérance. Les jeunes itinérants pourraient vivre temporairement dans des auberges, vivre avec des amis, vivre dans des « squats », louer des chambres bon marché dans des maisons ou des hôtels, ou même vivre dans la rue. Ils pourraient vivre avec des parents ou des proches, mais courir un risque imminent de perdre leur logement. La réalité est qu’avec le temps, de nombreux jeunes itinérants passent par ces différentes situations de logement, et on peut donc soutenir que c’est l’instabilité de leur situation de logement qui caractérise leur statut de jeune itinérant.

L’itinérance des jeunes se différencie de l’itinérance des adultes, tant par ses causes et conséquences que par la façon dont nous devons envisager et appliquer les interventions. Les jeunes de la rue, contrairement aux adultes itinérants, quittent des foyers définis par des relations (sociales et économiques) dans lesquelles ils dépendaient en général d’aidants adultes, qu’il s’agisse de parents ou de proches. Un pourcentage élevé des jeunes itinérants dépendait également des services de protection de l’enfance. Le fait de devenir itinérant ne signifie alors pas simplement la perte du logement, mais plutôt le fait de quitter un foyer dans lequel ils sont ancrés dans des relations de dépendance, ce qui implique une interruption et peut-être une rupture des relations sociales avec les parents et les aidants, les membres de la famille, les amis, les voisins et la collectivité. Pour toutes ces raisons et d’autres, la stratégie relative aux jeunes et les services de soutien connexes doivent être différents de ceux du secteur des adultes.

La population de jeunes itinérants est également diverse. Parmi les itinérants, il y a en général plus d’hommes que de femmes (Segaert déclare que 63 % des jeunes des abris sont des hommes, et 37 % des femmes), ce qui pourrait découler du fait que les jeunes femmes courent un risque important d’être victimes de crime et de violences (y compris d’agressions sexuelles) lorsqu’elles sont itinérantes, ce qui les pousse à trouver des solutions de rechange à l’itinérance, même si ces solutions présentent d’autres risques importants. Enfin, certaines sous-populations de jeunes importantes sont surreprésentées, y compris les jeunes autochtones et dans certaines villes comme Toronto, les jeunes noirs. Enfin, les jeunes qui s’identifient comme lesbiennes, gai(e)s, bisexuel(le)s ou transgenres (LGBTBA) représentent de 25 à 40 % de la population de jeunes itinérants, contre seulement 5 à 10 % de la population générale.

L’âge est également important lorsque l’on étudie l’itinérance des jeunes. Sur le plan du développement, il existe des différences énormes entre les besoins, les circonstances et le développement physique et émotionnel d’un jeune de 14 et ceux d’un jeune de 18 ans ou de 23 ans (bien qu’il faille également reconnaître que des facteurs qui produisent et maintiennent l’itinérance, y compris la violence, les traumatismes et les abus, pourraient également contribuer à un retard du développement chez les adultes plus âgés).

Bien que la catégorie des jeunes itinérants se caractérise par une incroyable diversité, ce qui unit cette population est son jeune âge et son manque d’expérience de vie autonome. Il est important de tenir compte de cela, car toute réponse à l’itinérance qui se veut efficace doit traiter les causes et les conditions de l’itinérance. Bien que l’expérience de l’itinérance par les jeunes et par les adultes présente des points communs : le manque de logement abordable, les échecs du système de santé et des services correctionnels, par exemple, elle présente également des différences importantes, y compris en matière de développement physique, mental, social et émotionnel. Les jeunes itinérants manquent en général d’expérience et des compétences nécessaires pour vivre de façon autonome, et cela est particulièrement vrai chez les jeunes de moins de 18 ans. En outre, les causes de l’itinérance des jeunes ne sont pas nécessairement les mêmes que celles de l’itinérance des adultes. Les conflits de famille sous-tendent l’itinérance des jeunes et nombre d’entre eux fuient des violences ou quittent les services de protection de l’enfance.

AUTEUR : Gaetz, Stephen (2014) Homeless Hub.