Consommation d'alcool et de drogues et toxicomanie

La relation entre la toxicomanie et l’itinérance est complexe. Bien que les taux de toxicomanie soient plus élevés chez les personnes sans-abri, on ne peut pas tenir la toxicomanie comme seule responsable de l’itinérance. La consommation de substances ne signifie pas nécessairement à elle seule une dépendance, ni un style de vie dangereux ou problématique. De plus, de nombreuses personnes souffrant de dépendance ne deviennent jamais des sans-abri. Par contre, un individu qui n’a pas de domicile stable souvent par manque de revenu, court un plus grand risque de perdre son logement s’il consomme des substances. Une fois dans la rue, l’individu qui a des problèmes de dépendance a très peu de chances d’obtenir un logement. Il doit affronter des obstacles insurmontables pour recevoir des soins de santé tels les traitements contre la toxicomanie et les services de réadaptation.

Le terme de consommation de substances regroupe tous les types d’usages et d’abus de drogues et d’alcool. Il remplace le terme «abus de drogues» qui perpétue le stigmate social et peut marginaliser et aliéner les personnes des supports dont elles ont besoin. Le mot «consommation» indique un effort pour réduire les méfaits pour tous les consommateurs – depuis la personne qui consomme des drogues ou de l’alcool à l’occasion à celle qui a une dépendance grave. Le mot «substance», plutôt que drogue, reflète mieux l’éventail de substances psycho actives accoutumant es comme l’alcool, les cigarettes, les drogues illicites, les médicaments sur ordonnance, les solvants et les substances inhalées.

Les méfaits potentiels de la consommation de ces substances sont nombreux. Ils comprennent les effets pharmacologiques de la substance même qui risquent de nuire à la capacité de la personne de prendre des décisions sûres et éclairées et de mener à bien une tâche. La consommation problématique de substances peut entraîner une détérioration de la santé; le décès accidentel et une augmentation des risques d’avoir des comportements sexuels dangereux. Parmi les autres méfaits on compte l’impossibilité de garder un travail ou de poursuivre des études, la rupture des relations avec la famille, les amis et les membres de la communauté et des problèmes avec la loi.

Les interventions en matière de consommation de substances sont variées. Elles comprennent la prévention (qui peut aller de l’abstinence à la réduction des méfaits), le traitement (pour ceux dont la consommation de substances est considérée comme problématique), la réduction des méfaits (programmes qui cherchent à réduire les risques associés de consommation de substances) et l’application de la loi. Ce dernier point est important. Au Canada, comme ailleurs, la consommation de substances est très politisée, ce qui veut dire que certaines substances potentiellement dangereuses sont légales (cigarettes et alcool, médicaments sur ordonnance), alors que d’autres ne le sont pas. Par conséquent l’un des méfaits potentiels d’une substance est le risque de se faire arrêter.

Les personnes qui vivent dans la rue et consomment des substances courent de nombreux risques, dont l’un est la difficulté d’obtenir et de conserver un logement et un emploi. La fréquence de ces problèmes indique la viabilité potentielle de programmes qui offrent un environnement sécuritaire pour stabiliser les clients qui sont incapables de s’abstenir. De plus, ces personnes ont besoin d’un hébergement stable et encourageant dans lequel elles seront plus en mesure de faire face à leur problème de consommation de substances.

L’une des approches reconnues pour traiter le problème de la consommation de substances est l’hébergement de transition souvent offert dans des refuges ou des centres de rétablissement. Mais ces hébergements exigent fréquemment de leurs clients potentiels qu’ils s’abstiennent. Par conséquent, de nombreuses personnes ne sont pas acceptées et restent dans la rue ou dans un environnement qui ne les encourage pas à essayer de faire face à leur problème de consommation de substances. Et même si elles terminent le traitement, à cause du manque d’hébergement de soutien, nombreuses sont celles qui sortent de centres de traitement ou de l’hôpital sans savoir où aller, une situation qui compromet leur rétablissement.