Approche

Les services d’approche exigent de sortir des murs de l’organisme pour communiquer avec les personnes en situation d’itinérance qui pourraient être déconnectées des services et soutiens généraux et des services ciblant les personnes itinérantes. Il s’agit d’un travail incroyablement important conçu pour aider à établir des relations de soutien, offrir des conseils et un soutien aux personnes et améliorer la probabilité qu’ils accèdent aux services et aux soutiens nécessaires qui les aideront à sortir de la rue.

L’établissement de relations solides est essentiel, car des obstacles légitimes pourraient exister, qui empêchent les personnes d’accéder aux services, y compris des expériences insatisfaisantes ou même problématiques des services de protection de l’enfance, des abris ou des établissements de santé mentale. Ce travail prend du temps. Pour de nombreuses personnes ayant des problèmes de dépendance, des animaux de compagnie, des partenaires dont ils refusent de se séparer, ou qui sont mineurs et ont peur d’être livrés aux autorités de protection de l’enfance, l’accès aux services existants pourrait présenter des obstacles réels ou perçus. Les personnes pourraient également être passées à travers les mailles du filet et ne pas connaître la gamme de services et de soutiens existants.

Les stratégies d’approche exigent la compréhension des circonstances individuelles et des besoins de chaque personne, et des obstacles culturels qui pourraient empêcher les personnes d’accéder aux services généraux ou à ceux qui ciblent les personnes en situation d’itinérance (personnes autochtones, par exemple). Cela exige une évaluation personnalisée des comportements et des circonstances qui présentent des risques. Grâce à l’établissement de relations positives, l’atteinte d’un objectif plus général consistant à aider les personnes à accéder aux services et aux soutiens dont elles ont besoin pour avancer dans la vie est possible. Les services d’approche qui aident les personnes qui vivent de façon indépendante, mais qui n’ont pas d’abri peuvent être nécessaires et constituer une étape importante de l’établissement de liens, mais l’objectif global des services d’approche doit être lié à l’objectif plus général consistant à aider les personnes à sortir de la rue le plus rapidement possible. Pour atteindre cet objectif, les travailleurs des services d’approche doivent se familiariser avec toute une gamme de services généraux et communautaires, et y accéder. Les services d’approche gérés par un organisme et dont l’objectif est simplement de relier la personne à cet organisme ne sont pas jugés être efficaces. On doit considérer que les travailleurs réalisent leurs tâches dans l’intérêt du secteur et non pas uniquement de l’organisme pour lequel ils travaillent. Cela exige un degré supérieur de collaboration entre les organismes.

La réussite des services d’approche fait face à plusieurs difficultés clés. Tout d’abord, les services d’approche exigent de travailler avec les jeunes visiblement itinérants qui vivent dans la rue. Il faut établir des stratégies d’approches destinées aux personnes itinérantes invisibles, les personnes qui dorment temporairement chez des amis ou qui vivent sans abri dans des endroits éloignés et difficiles d’accès, etc. Deuxièmement, l’approche peut être difficile, car les personnes ne sont pas poussées à parler aux travailleurs ou à interagir avec eux de la même façon que si elles se trouvaient dans l’enceinte d’un organisme. Cela signifie que l’approche peut être lente et que les résultats semblent parfois ambigus. Certaines preuves indiquent que l’approche fondée sur les « étapes du changement » est plus efficace, car l’intervention peut être liée à la volonté d’une personne d’avancer dans la vie. Enfin, de nombreuses personnes éviteront de se rendre dans des abris généraux et des programmes de jour pour de bonnes raisons : parce qu’ils ont peur, parce qu’ils ont des animaux de compagnie (qui leur tiennent compagnie et assurent leur sécurité) et parce que le fait de dormir dans un abri peut perturber des relations importantes et étroites qu’ils jugent essentielles à leur survie dans la rue. Ces conditions suggèrent en fait que, lorsque cela est possible, le système d’abri d’urgence doit se montrer souple par rapport au maintien de relations importantes, des réseaux de soutien, et même des animaux de compagnie.

Dans de nombreux endroits au Canada, on comprend que l’approche est importante pour accéder aux personnes difficiles à joindre, bien que cela ne soit pas toujours relié à un effort explicite et concerté de lutte contre l’itinérance. Les caractéristiques essentielles de l’approche des jeunes au Royaume-Uni et en Australie sont utiles pour conceptualiser la façon d’établir ce lien :

  • L’approche ne se limite pas aux personnes visiblement itinérantes. Un effort doit être fourni pour entrer en contact avec les personnes qui « dorment temporairement chez des amis » et pour entrer dans les milieux des établissements où les personnes pourraient être logées, mais courent encore des risques.
  • L’approche est souvent liée à des efforts plus intenses de réduction du nombre de personnes qui dorment dans la rue, ce qu’on appelle « rough sleeping », au Royaume-Uni.
  • Plutôt que d’être une forme passive de mobilisation, l’approche tend à comprendre un soutien en matière d’admission et de gestion de cas.

DE : Gaetz, S. (2014). Coming of Age - Reimagining the Response to Youth Homelessness in Canada. Homeless Hub Research Report Series.