Services correctionnels et programmes de réinsertion

Le système de justice pénal a lui aussi des liens avec les sans-abri. Au Canada, les détenus libérés deviennent des sans-abri par manque d'accès à des logements, à des emplois et à des services de santé (en raison de problèmes de drogue, d'alcool ou de santé mentale). De la même manière, de nombreux sans-abri se retrouvent en prison à cause d'une combinaison de troubles mentaux et de consommation de drogues ou alcool, de l'utilisation de stratégie de survie (mendicité, dormir dans des lieux publics) et une surveillance accrue de la police à cause de leur visibilité dans les rues. Cela crée une situation de va-et-vient où l'expérience d'un individu se résume à l'incarcération et l'itinérance.

Au Canada, le gouvernement fédéral met en prison les personnes condamnées à plus de deux ans de prison. Le gouvernement provincial est responsable des personnes dont la sentence est inférieure à deux ans et de celles en détention provisoire ou préventive (phase précédant l'instruction – pas condamné – attendant la détermination de la peine). Chaque détenu doit affronter des défis différents sur le plan du logement, de l'emploi, des problèmes de santé et de santé mentale, de violence et d'usage de drogues et d'alcool, etc. Ces défis rendent très difficile la réinsertion dans la communauté après la phase précédant l'instruction ou l'incarcération. Il semble évident que trois programmes principaux permettent de gérer les risques pour l'individu et pour la communauté : 1) la planification de la remise en liberté; 2) les programmes de soutien en prison; et, 3) les services de soutien après la remise en liberté.

Malheureusement dans de nombreuses juridictions, la tâche d'aider les détenus à se réinsérer revient aux fournisseurs de service aux sans-abri de la communauté. Les refuges, les centres d'accueil et les soupes populaires, qui ne sont ni obligés ni subventionnés pour le faire, doivent assurer médier la transition difficile des services correctionnels à la vie normale sans personnel qualifié ni soutien. Peu importe si la libération mal planifiée se solde par une première expérience d'itinérance, ou si elle ne fait que poursuivre une itinérance cyclique ou chronique, une fois de retour dans la rue, l'individu a plus de chance d'avoir affaire avec le système judiciaire, et le cycle continue. Des programmes correctionnels de qualité, une libération planifiée et des services de transition doivent être mis en place pour les détenus, y compris les détenus provisoires (mise en détention avant la détermination de la peine) pour essayer de réduire l'itinérance et le retour dans le système de justice pénal.

Les sans-abri et les personnes souffrant de maladies mentales sont mis en détention dans des établissements de détention provisoire au Canada. Une fois en prison ou en détention provisoire, leurs perspectives ne s'améliorent pas. Dans de nombreux établissements, l'environnement peut entraîner la manifestation de ces troubles, des troubles mentaux ou des accoutumances, la récurrence ou l'aggravation de ces troubles et peut entraîner le suicide. Les risques de violence et de mort, la séparation de la famille et des amis, les inquiétudes relatives aux audiences de libération conditionnelle ou au transfert dans un autre établissement peuvent éprouver la santé mentale de l'individu. Les personnes atteintes de troubles mentaux tendent à avoir moins de ressources personnelles pour faire face aux stress, ce qui cause une exacerbation de leurs troubles.