Mon père me maltraitait et j’ai donc quitté la maison

Mon père me maltraitait et j’ai donc quitté la maison pour aller vivre avec la famille de mon amie. Tout a commencé quand je vivais avec mon père à Tillsonburg. J’ai vécu à Tillsonburg toute ma vie. Mon père, ma sœur et moi vivions avec mon oncle. Mon frère, qui habitait avec des amis, avait quitté Tillsonburg pour aller vivre avec ma mère à Mississauga. Mon père me maltraitait et j’ai décidé de quitter la maison pour aller vivre avec la famille de mon amie. J’y suis restée pendant environ trois mois. Lorsque je suis partie chez ma mère à Mississauga, elle m’a mise à la porte et m’a renvoyée à Tillsonburg après environ une semaine. Elle m’avait laissé quelques vêtements, mais pas grand chose d’autre. Quand elle m’a fichue dehors, en avril 2006, j’avais 14 ans et c’était la première fois que je me suis vraiment sentie seule. Je n’avais pas de contact avec ma mère parce que je n’avais pas son numéro de téléphone, et je n’avais pas de contact avec mon père parce qu’il était parti en Alberta.

Je me suis installée chez des amis qui avaient leur propre appartement. C’était un endroit horrible. Beaucoup d’enfants âgés de 14 ou 15 ans pensent probablement que je vivais une vie géniale : je ne devais plus aller à l’école et je faisais la fête avec les copains jour et nuit. C’était le fun pendant environ deux mois, mais la maison était infecte et puait. Il y avait des excréments d’animaux partout. Je dormais par terre. Il n’y avait presque pas de nourriture dans la maison, et quand y avait de quoi manger, personne n’avait le droit d’y toucher. Les gens allaient et venaient sans arrêt. Il n’y avait jamais d’eau chaude. Jamais! Et on se disputait tout le temps.

Finalement, après un bon bout de temps, j’ai décidé d’emménager avec un ami qui vivait à l’étage au-dessus. Il avait 21 ans et je n’avais toujours que 14 ans. Ça me semblait idéal à ce moment-là, mais quand j’y pense aujourd’hui, ce que nous faisions n’était pas convenable. Nous avions une relation sexuelle. Mais je n’étais qu’une stupide gamine de 14 ans, et je n’y voyais rien de mal, même si ma meilleure amie me disait le contraire. J’ai vécu avec lui pendant quelques semaines, puis nous nous sommes querellés et il m’a mise à la porte.

Au cours d’une période de cinq mois environ, je passais mes nuits n’importe où. Je devais voler des aliments. Je faisais le nécessaire pour survivre. À ce stade, je me sentais comme si je n’avais plus rien. J’avais des pensées suicidaires et je me sentais comme si je n’avais aucune raison de vivre. Puis je pensais à ma sœur et ça me redonnait des forces. Le plus navrant dans cette histoire, c’est que ma famille ne faisait rien pour m’aider. Quand je ne pouvais plus rester chez mes amis, j’ai dû rester dehors. Je dormais sur les bancs ou sur la glissoire du parc.

Le 21 juin 2006, j’ai rendu visite à ma tante pour savoir si elle avait les numéros de téléphone de mes parents. Je les ai appelés et ils m’ont envoyé un total de 180 $ pour mon anniversaire. Stupide comme j’étais, j’ai acheté de l’alcool, mais j’ai aussi acheté de la nourriture et des vêtements. Je me suis fait arrêter et j’ai eu une amande de 65 $. J’ai vécu comme ça pendant environ cinq mois. Je me sentais très seule et bonne à rien. Tout cela n’avait plus aucun sens, jusqu’à ce que je rencontre une famille que je n’oublierai jamais.

Ils m’ont aidé sur tous les plans. Je me sentais toujours seule, mais au moins j’avais repris goût à la vie. J’ai recontacté mon père. Il est rentré à Tillsonburg de l’Alberta. Nous sommes restés chez un ami pendant environ une semaine. Je ne me sentais plus aussi seule car j’avais quelqu’un à mes côtés. Nous sommes allés à l’Armée du Salut et ils nous ont recommandé un refuge pour familles, et nous sommes donc partis à London. C’était vers la mi-novembre et nous y sommes restés jusqu’au début de janvier.

Ce n’était pas si mal que ça. J’avais un lit où dormir, à manger dans mon ventre, des gens à qui parler, et de l’argent qu’ils nous donnaient chaque semaine. La seule chose que je n’aimais pas, c’était que tout le monde avait des problèmes avec les autres occupants du refuge, et certains individus étaient là parce qu’ils étaient fainéants. J’ai beaucoup appris dans ce refuge. J’ai réalisé qu’il y a d’autres gens qui comprennent ce que j’ai vécu, et qu’il y a des gens pour tout : il y a des gens qui sont là pour nous aider à trouver un logement, d’autres pour nous aider à rencontrer des gens et d’autres pour nous aider une fois qu’on a emménagé dans la communauté.

J’ai seize ans maintenant, et tout cela m’est arrivé en deux ans. Wow. Je suis heureuse maintenant. Je ne vis plus avec mon père. La Société d’aide à l’enfance m’a enlevée de sa garde, car il avait recommencé à me maltraiter. J’habite avec une amie de la famille et avec ma jeune sœur. Je n’ai pas été aussi heureuse que je le suis maintenant depuis longtemps.

Voilà mon histoire.

Date de publication: 
2007
Nouvel emplacement: 
London, Ontario, Canada