La première fois que nous avons été sans abri était en décembre 2006

Dans le quartier où on a déménagé, il y a des bagarres, de la consommation et de la distribution de drogues, et des voisins problématiques. Bonjour, je m’appelle Melissa et mon mari s’appelle Sean. Nous sommes un jeune couple dans le début de la vingtaine. Nous avons quatre enfants, deux garçons et deux filles, et nous habitons à London. Je vis des problèmes d’instabilité de logement depuis que j’ai seize ans, en partie à cause de mon incapacité de payer le loyer, des locataires illégaux et des activités illégales.

La première fois que nous avons été sans abri était en décembre 2006. Ne pouvant pas payer le loyer de mon foyer, moi et ma famille avons dû aller dans un refuge pour familles à London. C’est extrêmement difficile de vivre dans un refuge. On doit suivre de nouvelles règles et on doit écouter et obéir au personnel du refuge. Six personnes dans une pièce, c’est beaucoup. Et on doit aussi essayer de s’entendre avec les autres familles. Le comportement et l’attitude de vos enfants changent très vite dans de telles circonstances.

Dans ces conditions, il est très difficile de se concentrer sur le rétablissement de sa vie. Ma famille est restée dans un refuge pendant soixante-dix jours, jusqu’à ce qu’on trouve un logement. Nous participons actuellement au programme pilote Hostel to Homes, que je trouve excellent en raison de l’attention individuelle qu’on reçoit. Ce programme offre beaucoup d’appui.

Dans le quartier où on a déménagé, qui est un des plus dangereux de London, il y a des bagarres, de la consommation et de la distribution de drogues, et des voisins problématiques.

Mon mari a eu des problèmes d’utilisation de crack et à un moment donné, il commettait des crimes pour subvenir à ses besoins de drogues. Il a fini par se faire attraper, et puisque la propriété qu’il avait volée était dans ma maison, on m’a également accusée. Je me disputais énormément avec mon mari à cause de son accoutumance et un soir, une de nos disputes est devenue violente. En l’espace d’un seul jour, je me suis sentie comme si tout s’écroulait autour de moi.

J’ai aussi essayé d’aider quelqu’un d’autre dans la communauté, mais ça s’est retourné contre moi et j’ai reçu un avis d’expulsion parce que j’hébergeais illégalement quelqu’un chez moi. À cause de ça, j’ai eu une réunion avec mon travailleur de soutien communautaire et un représentant de la Société d’aide à l’enfance (pendant tout ce temps, mon mari se cachait dans le grenier, car nous avions reçu un ordre d’interdiction d’établir des contacts en raison de ses agressions.) Ma prétendue amie est allée voir mes travailleurs sociaux et leur a menti à mon sujet, ce qui m’a fait perdre l’esprit et m’a remplie de colère. J’avais eu un problème avec des membres de la famille de la personne en question pendant que nous étions au refuge et j’avais peur que moi-même et ma famille en subissent des conséquences. Mon mari a été arrêté le jour-même et emmené en prison pour m’avoir agressée.

Ma fille de sept ans a dit à notre travailleur d’appui communautaire que si quelqu’un essayait encore de me faire du mal, elle appellerait le 911. Ce commentaire m’a vraiment fait voir clair. Mon travailleur d’appui a tout de suite dit que c’en était assez, et qu’il fallait que nous nous rendions au foyer d’accueil pour des raisons de sécurité. Trois semaines après être retournée au refuge, et après avoir eu des problèmes de comportement concernant mes garçons, nous sommes retournés à notre logement et nous avons eu exactement les mêmes problèmes avec le voisinage. J’ai encore dû faire face à une expulsion en raison d’activités illégales, comme celles décrites plus haut.

Mon mari est sorti de prison quelques mois plus tard et je suis fière de pouvoir dire qu’il reçoit maintenant de l’aide pour ses problèmes d’accoutumance auprès de Thames Valley Addiction Services. Je suis également heureuse de pouvoir dire que notre demande d’un nouveau logement a été acceptée grâce à l’aide de nos travailleurs sociaux. Il se trouve dans un nouveau quartier de London.

Ça fait quatre jours que nous habitons dans notre nouveau logement. La différence est énorme. On peut regarder par la fenêtre et ne pas voir de gens trainer. Pas de bagarres. Pas d’enfants qui jouent dehors jusqu’à 11 heures du soir. Pas de jeunes drogués qui frappent à ta porte pour demander du feu. Je suis heureuse ici. Mes enfants sont heureux ici. Je vois déjà beaucoup de changements en eux, même si ça ne fait que quatre jours. Le quartier est propre et calme, et les enfants se comportent bien plutôt que d’essayer de créer des ennuis.

J’aimerais pouvoir continuer à recevoir l’appui de ces programmes de soutien indéfiniment, mais éventuellement on doit évoluer et faire ce qui est juste. On doit prendre conscience de ce qui est important et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est bien et de ce qui est mal, et de ce qui doit être payé, comme le loyer et les factures. C’est du bon sens. Pour mon bien et pour celui de ma famille, j’espère que nous saurons rester sur le droit chemin avec l’aide des bons amis.

J’ose espérer que cette lettre vous donnera une idée de ce que ça signifie d’être sans abri, et de l’impact que cela peut avoir sur sa vie et sur celle de ses enfants. Je vous remercie de m’avoir laissée partager mon histoire avec vous et de m’avoir donné l’occasion de m’ouvrir.

Sincèrement,
Melissa

Date de publication: 
2007
Nouvel emplacement: 
London, ON, Canada