Je vais vous parler de mon expérience avec l’itinérance.

Je me suis fait jeter dehors quand j’avais treize ans par mes parents très conservateurs. Un jeune homme traverse le Canada en faisant du stop et en voyageant clandestinement dans les trains…

Je vais vous parler de mon expérience avec l’itinérance.

Je me suis fait jeter dehors quand j’avais treize ans par mes parents très conservateurs, parce qu’ils ne savaient pas du tout quoi faire de moi. Je pense qu’ils avaient de bonnes intentions, mais à la fin, j’ai failli mourir de faim. Je ne savais pas ce que c’était qu’une «soupe populaire» et ce que «mendier» signifiait. Malheureusement, je n’avais pas du tout l’esprit à travailler à cette époque et j’ai donc commencé à voler. Je préfère ne pas vous donner de détails, car je n’en suis pas fier de cette période de ma vie.

J’ai commencé à avoir un problème de drogues (ecstasy et kétamine). J’ai continué à vivre ainsi pendant je ne sais combien de temps… pendant plus d’un an en tous cas. Je ne savais plus du tout quoi faire, mais le destin a voulu que je rencontre des punks et j’ai commencé à les fréquenter. J’ai laissé tomber les drogues et je me suis mis à trop aimer la bouteille.

Ils m’ont emmené à la soupe populaire et m’ont laissé mendier avec eux. Ils m’ont raconté des histoires sur le reste du Canada, sur le stop et les voyages clandestins sur les trains. Bien qu’elle me terrifiait, je suis tombé amoureux de l’idée de l’aventure. Au cours des années qui ont suivi, j’ai visité toutes les provinces Maritimes en faisant du stop. Je n’étais plus un sans-abri. Mon chez moi était partout.

Tout ce que je possédais tenait dans mon sac à dos. Je n’avais besoin de rien d’autre. Un sac de couchage et du carton pour dormir, un briquet et une poêle pour cuisiner, une bâche en tant que toit, et ma salle de bains... et bien «le monde était ma salle de bains!»

J’étais un voyageur. Après un certain temps, j’avais des amis dans toutes les villes des Maritimes. Je savais où se trouvaient tous les centres d’accueil et toutes les soupes populaires.

Puis j’ai rencontré Dorothy. Cette femme est un ange. Elle dirige un centre d’accueil à Halifax appelé The Ark. C’est l’endroit le mieux géré et le plus bienveillant au Canada.
Il est évident qu’elle tient réellement ses clients à coeur, contrairement à la plupart des endroits dirigés par le gouvernement tels SYJA à Ottawa ou Choices à Terre-Neuve. Ces endroits-là sont terribles. Tout ce qu’ils veulent c’est toucher leur paye . Ils n’ont pas vraiment leur travail à cœur. Les bénévoles semblent être les seuls qui veulent vraiment aider les gens.

Puis j’ai décidé d’élargir mon horizon et de me rendre en Colombie-Britannique. La première année, j’ai atteint Ottawa (personne n’arrive à traverser le Canada durant la première année) et je faisais de nombreuses visites à Toronto et à Montréal. Cet hiver-là, j’ai campé dans un abri fait de cageots et je préparais mes repas sur un feu. On est plus résistant qu’on croit.

L’été suivant, je me suis rendu à Montréal où j’ai rencontré des clochards qui m’ont appris «les trucs du métier» des voyages clandestins par train (il est très dangereux de sauter dans les trains sans un guide.) J’ai donc commencé à prendre les trains clandestinement, d’abord vers l’Est, puis vers l’Ouest. Ça n’a pas pris longtemps avant que je connaisse la plupart du système ferroviaire et j’ai appris à connaître toutes les grandes villes du Canada, de Winnipeg à Victoria. L’hiver, je travaillais à Calgary et je vivais dans de minables petites maisons de chambres. J’ai dû visiter les refuges de secours deux fois durant toute ma vie, et seulement en cas d’urgence quand je faisais du stop en hiver.

À l’heure actuelle, je vis à Terre-Neuve et je compte me procurer un passeport pour pouvoir voyager à l’étranger.

Date de publication: 
2007
Nouvel emplacement: 
Canada