Un jeune homme de 26 ans est sans-abri depuis qu’il a quitté la maison de ses parents lorsqu’il était adolescent...

Mes problèmes ont commencé de la façon la plus banale quand je me suis dit que je haïssais tout le monde et que je savais ce que je faisais. Un jeune homme de 26 ans est sans-abri depuis qu’il a quitté la maison de ses parents lorsqu’il était adolescent...

Mes problèmes ont commencé de la façon la plus banale quand je me suis dit que je haïssais tout le monde et que je savais ce que je faisais. Et bien vous savez quoi? J’avais tort! J’ai quitté la maison tout seul en étant très odieux avec mes parents, ou plus précisément avec mon père. Le premier jour, j’ai dormi sur le sofa d’un ami, puis il m’a emmené au refuge Catherine Booth House. Je croyais que j’allais enfin être indépendant et que j’allais vivre d’après mes règles à moi; vous savez bien, il allait m’arriver toutes ces choses superbes qui vous arrivent quand on quitte le nid. Et bien, je suis désolé de vous apprendre une mauvaise nouvelle, mais ce ne sont que des racontars. Aujourd’hui encore, à l’âge de 26 ans, je vis toujours selon les règles des autres et je dépends des autres. Je dois suivre les règles qui me sont imposées par les propriétaires, les employeurs, le gouvernement, etc.

Comme je disais, j’ai quitté la maison dans un accès de colère lorsque j’étais en 7e ou 8e année. Il faut dire que ma première tentative s’est très mal passée et je suis retourné à la maison. Les années ont passé et j’ai encore essayé de partir. En 10e année, j’ai déménagé avec quatre de mes copains dans une grande maison délabrée en ville. Mais j’avais un problème : je n’avais pas de travail, pas de meubles, je n’avais rien. J’ai dû faire de l’animation de rue et mendier, parfois pendant plus de dix heures d’affilée, seulement pour pouvoir payer le loyer. J’ai fini par fouiller les poubelles pour trouver des meubles, des vêtements et même à manger. À un moment donné, j’ai trouvé un boulot à mi-temps au noir qui ne rapportait pas grand chose. J’avais toujours peur de ne pas pouvoir payer mes factures et mon loyer.

J’ai aussi essayé de retourner à l’école (Compu College) mais quand j’ai reçu ma bourse, j’ai abandonné parce que j’avais commencé à trop boire. Plus tard, c’est devenu un problème d’alcoolisme. Le temps a passé, mes amitiés avec mes colocataires ont tourné au vinaigre et j’ai commencé à me faire des ennemis. Notre arrangement est tombé à l’eau et j’étais à nouveau sans abri. J’ai essayé de retourner vivre à la maison mais ils avaient déménagé dans une maison plus petite et ils n’avaient absolument pas de place pour moi. J’ai donc dû à nouveau dépendre de mes connaissances. Heureusement, j’ai vécu à St John’s toute ma vie et je connaissais beaucoup de gens. Ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.

Pendant longtemps j’ai vécu de sofa en sofa et éventuellement, j’ai emménagé avec une petite amie et j’ai recommencé au début. Durant toutes ces relations et amitiés, j’avais accumulé une effroyable cote de crédit à cause des factures non payées et en retard (dont certaines ne sont toujours pas payées à ce jour). Comme beaucoup de mes nouvelles relations ne fonctionnaient pas, j’étais déjà resté dans 7 ou 8 appartements différents, sans compter les endroits où je «crashais». J’avais environ dix emplois. Il m’était très difficile de garder un domicile sans un emploi stable et il m’était difficile de garder un emploi parce que j’avais abandonné mes études à peu près au moment où j’avais quitté la maison. J’ai fini par emménager avec des gens que je ne connaissais pas du tout pour être plus près de mon nouvel emploi à l’Est de la ville. Puisque j’étais désillusionné par la vie et insatisfait de mon domicile et de mon travail, j’ai abandonné mon emploi sans préavis et sans avoir de travail de remplacement. Et bien entendu, étant donné que je n’avais plus d’argent pour payer mon loyer, j’ai été expulsé de mon appartement.

J’ai fini par arriver au foyer Choices for Youth. Il s’agit d’un très bon foyer – mais ce n’était pas chez moi. J’y suis resté pendant environ un mois puis j’ai dû déménager. Après avoir quitté Choices, j’ai trouvé un autre endroit où vivre. Je n’aurai même pas souhaité ce domicile à mes pires ennemis, mais c’était ça ou rien. Il y avait de la merde et de la pisse (d’animaux domestiques) par terre et aucune assiette propre. Elles étaient recouvertes d’un duvet mystérieux... Il y avait des moucherons à fruits dans l’évier, sur le comptoir et par terre. Il y avait plein de courants d’air et les fenêtres, les portes et la salle de bains ne se verrouillaient pas. Il n’y avait même pas de rideau de douche jusqu’à ce que j’en fasse un avec des sacs en plastique. Des trois mois où j’ai habité là, j’ai été malade pendant deux mois et demi! Il y avait un divan, une chaise et environ onze personnes qui passaient régulièrement. Je dormais par terre dans une des chambres. Un matin, quand j’avais une terrible gueule de bois, une nana débile m’a réveillé en criant «Fous-moi le camp d’ici!». Ici non plus, je n’arrivais pas à payer le loyer.

J’ai continué à dormir sur les divans de mes connaissances pendant des mois, tout en ayant de mauvaises relations avec des femmes. Me voilà maintenant dans mon nouvel appartement. J’ai déménagé ici parce que mon ex et moi ne nous supportions plus et j’étais à bout. Je suis arrivé ici près de six heures après que je l’ai envoyée se faire foutre. Je suis alcoolique depuis bien des années mais cette fois c’était la catastrophe. À cause de la déprime et de l’alcool, j’ai fini par prendre des drogues comme la ecstasy et la cocaïne, bien que je m’étais juré de ne jamais le faire. La dernière fois que je suis sorti j’ai dépensé environ 300 $ en alcool et deux doses d’ecstasy, et 150 $ pour de la cocaïne.

Vers 6 ou 7 heures du matin, je suis rentré pour dormir… du moins, c’est ce que je croyais. En fait, ce qui s’est vraiment passé, c’est qu’un ami est rentré avec moi. Nous attendions que le magasin s’ouvre pour que nous puissions acheter plus de bière et des cigarettes (je n’ai aucun souvenir de tout ça). Nous avons bu la bière que nous avions achetée et nous avons fumé les cigarettes. Vers midi, nous nous sommes endormis alors que je venais d’allumer une cigarette. Mon lit a pris feu. Dieu merci, je me suis réveillé parce que ma jambe brûlait. Quand je me suis réveillé, je ne pouvais plus voir l’autre bout de la pièce tellement il y avait de fumée. Je ne sais plus du tout comment j’ai fait pour éteindre le feu. Je suppose que je me suis assis et que je l’ai étouffé avec ma main. Puis je me suis rendormi. Mon compagnon ne s’est même pas réveillé durant la catastrophe. Le lendemain matin, lorsque j’ai réalisé ce qui s’était passé, je me suis juré de ne plus jamais consommer quoi que ce soit. Il y a presque huit mois de ça et je tiens toujours ma promesse. Plus de cigarettes, plus d’alcool et plus de drogues. Je me suis trouvé un nouveau colocataire et jusqu’à présent, tout se passe bien. J’espère que ça dure.

J’espère que les gens pourront s’identifier à mon histoire, et peut-être même en tirer une leçon. Si je pouvais changer quoi que ce soit dans ma vie, ce serait d’obtenir une éducation, de ne jamais quitter la maison à cause d’une querelle, de bien apprendre à connaître et bien choisir ses amis (parce qu’on ne sait jamais qui sera la solution ou la cause de ses problèmes), de ne jamais essayer les drogues ou l’alcool, et d’aider ses amis dans le besoin, parce que j’ai apprécié lorsque mes amis m’ont aidé. Ne jamais oublier qu’on récolte ce qu’on sème.

J’espère que vous avez aimé mon histoire et qu’elle influencera votre vie de façon positive. Passez une superbe journée et souvenez-vous : même si votre journée est vraiment atroce, quelqu’un, au moins une personne pense à vous!

Date de publication: 
2007
Nouvel emplacement: 
St. John's, Newfoundland, Canada