Ce mémoire cherche à identifier la nature des pratiques de stigmatisation et de discrimination vis-à-vis des personnes dont l’infection par le VIH/SIDA est révélée dans le milieu familial, le milieu scolaire, le milieu du travail et le milieu de soins au Mali. Les propos d’experts de la lutte contre le VIH/SIDA ont été analysés. Quelques constats sont ressortis de ces analyses. Premièrement, les pratiques de stigmatisation et de discrimination sont le produit d’une réalité sociale spécifique soumise à une conjonction de facteurs socioculturel, économique, politique qui, tout en marquant la spécificité nationale, l’insèrent dans la perspective d’une réaction mondiale à une nouvelle pandémie. Deuxièmement, les résultats indiquent qu’au Mali, les personnes atteintes du VIH/SIDA dont le statut sérologique est révélé sont victimes de stigmatisation et de discrimination dans tous les milieux ciblés. Ces réactions négatives sont générées et perpétuées par la peur et les fausses connaissances sur l’épidémie. Elles se manifestent principalement dans les rapports interpersonnels et s’expriment à travers les discours, les attitudes et les gestes. Troisièmement, il ressort que l’épidémie du VIH/SIDA a confronté les valeurs socioculturelles, religieuses qui ont façonné les perceptions de l’infection et des personnes atteintes. Quatrièmement, les dispositifs juridiques édictés par l’État ne traitent pas explicitement de la question du SIDA et des réactions de stigmatisation et de discrimination; cela est associé à un vide juridique par rapport à la prise en charge des personnes atteintes. Cinquièmement, les campagnes initiées contre l’épidémie ont eu un impact mitigé sur les comportements en général et sur les réactions sociales négatives en particulier. Sixièmement, les pratiques de stigmatisation et de discrimination associées au VIH/SIDA sont alimentées par l’accusation de «l’Autre» dont nous proposons le dépassement par la responsabilisation individuelle et collective des acteurs. Ce travail vise à contribuer au débat sur des pratiques néfastes et répandues au Mali comme partout ailleurs, mais très souvent ignorées ou négligées dans le processus de prise en charge des personnes atteintes du VIH/SIDA.