Il y a plusieurs années, j’ai écrit un chapitre de livre sur l’itinérance à Yellowknife, une ville située dans le nord du Canada. Après un très long cycle de production, ce livre a récemment été publié et peut désormais être acheté ici.

Voici 7 choses à savoir :

1. Le coût de construction des logements est plus élevé dans les Territoires du Nord-Ouest que dans la plupart des autres régions du Canada. Ces coûts de construction plus élevés sont en grande partie dûs aux frais de transport des équipes de travail et des matériaux jusqu’aux communautés rurales. De plus, une fois les maisons construites, elles se détériorent plus rapidement dans les Territoires du Nord-Ouest que dans la plupart des autres régions canadiennes, en partie à cause des différences de température entre l’extérieur et l’intérieur des maisons en hiver.

2. En outre, l’exploitation des logements est habituellement plus coûteuse dans les Territoires du Nord-Ouest.Cette situation s’explique en grande partie par une plus grande consommation d’énergie (en raison du climat froid) et par des prix d’énergie plus élevés. Selon les propos de mon mentor de longue date, Luigi Zanasi : «Au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, le coût de l’eau potable et de l’évacuation des eaux usées est extrêmement onéreux puisque les maisons dépendent de la livraison par camion d’eau potable et de la vidange des réservoirs des eaux usées[1]. »

3. Il n’est donc pas surprenant que la location d’un appartement à Yellowknife soit coûteuse. Depuis octobre 2023, le loyer mensuel moyen d’un appartement à deux chambres s’élevait à 1 874 $. Le montant correspondant pour Toronto se chiffrait à 1 697 $. Les facteurs de coût mentionnés ci-dessus représentent les raisons principales des coûts de location élevés à Yellowknife. Une autre raison réside dans le fait qu’un propriétaire privé possède près de trois quarts des logements locatifs de la ville (ce qui pourrait constituer un monopole).

4. D’un bout à l’autre des Territoires du Nord-Ouest, il est fréquent que les gens quittent leurs petites communautés pour se rendre à Yellowknife en raison des conditions sociales. Ces conditions comptent des logements insalubres, un taux élevé de violence et le chômage. Ceux qui se rendent en ville sont souvent sans emploi et sans-abri dès leur arrivée.

5. Des dénombrements effectués récemment soutiennent la théorie selon laquelle la migration est un facteur déterminant de l’itinérance à Yellowknife. D’après les résultats d’un dénombrement ponctuel des personnes en situation d’itinérance tenu à Yellowknife en 2021 (disponible ici), plus de 90 % de la population sans-abri de Yellowknife n’était pas originaire de Yellowknife et près de deux tiers provenaient d’une autre communauté des Territoires du Nord-Ouest.

6. Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que l’itinérance ne connaît pas de frontières. En effet, afin de pouvoir lutter efficacement contre l’itinérance dans une ville, il faut aussi investir dans les régions rurales. Cet apprentissage s’applique également aux autres régions du Canada et au-delà.

7. Une innovation locale importante est l’assouplissement des seuils des loyers et des allocations de loyer pour les récipiendaires de l’aide sociale. En avril 2018, le plafonnement des loyers pour les bénéficiaires célibataires de l’aide sociale sans personne à charge a été supprimé. Antérieurement, on avait alloué à ce groupe un maximum de 900 $ par mois pour le loyer en puisant dans les fonds de l’aide sociale, ce qui faisait qu’il était très difficile de trouver un logement locatif. Mais à présent, il n’est pas rare qu’un bénéficiaire de l’aide sociale célibataire, en mesure de travailler et sans personne à charge, soit entièrement couvert par la partie «loyer » de ses prestations d’aide sociale pour le loyer d’un logement d’une chambre à coucher d’une valeur de 1 500 $ par mois. Tant que la personne reste admissible à l’aide sociale, elle reçoit l’allocation de logement.

En résumé. Le chapitre complet du livre expose de façon détaillée un ensemble exhaustif de réponses politiques financées par tous les ordres de gouvernement. Cependant, la chose principale à retenir est que, tant qu’il y aura une pauvreté profonde à l’extérieur de Yellowknife, il y aura des personnes en situation d’itinérance à Yellowknife.

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Annick Torfs pour l’aide qu’elles m’ont apportée dans la préparation de ce billet de blogue.

[1] Luigi Zanasi, Discussion Paper on Expiry of Federal Funding for Social Housing: Implications for the Territorial Housing Corporations (Whitehorse: NWT, Nunavut and Yukon Housing Corporations, 2007) 21.