Travailler pour survivre : exploration du travail des jeunes de la rue

Le présent article explore les diverses formes que prennent l’emploi et les «petits boulots» dans la vie des jeunes de la rue. L’étude a été faite à Halifax, au Canada, et porte sur un matériel tiré d’entretiens menés auprès de 34 jeunes. Les résultats de l’enquête suggèrent que l’économie du travail à laquelle doivent faire face les jeunes de la rue revêt un aspect autant formel qu’informel. Ils montrent aussi que ces jeunes sont motivés mais vivent aussi des enjeux tant personnels qu’environnementaux.

La plupart des jeunes interrogés réalisent des activités informelles rémunératrices parmi lesquelles figurent entre autres la mendicité, la pratique du squeegee (du nom anglais de la raclette servant à nettoyer les pare-brise), et l’art ambulant, la vente de créations artistiques, la composition et la déclamation de poèmes, la diffusion de blagues et autres activités créatrices. La diversité de ces activités témoigne de l’esprit d’entreprise et de la capacité de résilience de cette jeunesse itinérante. Pour survivre, les jeunes sans-abri sont en effet prêts à entreprendre un grand nombre de tâches souvent peu valorisées dans notre société. À vrai dire, il leur est surtout difficile d’accéder à un travail socialement reconnu. Pourtant, la société, en s’inscrivant dans une logique de criminalisation de certains types de pauvreté, réprime le plus souvent les activités informelles qu’adoptent les jeunes comme stratégies de survie.

Date de publication: 
2010
Pages: 
7-29
Le Volume: 
43
Numéro: 
1
Nom de Journal: 
Erudit
Nouvel emplacement: 
Halifax, Canada