Je vais vous raconter comment ma famille est arrivée au Canada

Je suis venue au Canada parce que je craignais le Taliban et les musulmans extrémistes. Je vais vous raconter comment ma famille est arrivée au Canada et vous parler de la période où nous avons été sans abri. J’ai trente-trois ans et je suis une mère seule de quatre garçons entre quatre et treize ans. Je tente d’obtenir le statut de réfugiée d’Afghanistan. Je suis venue au Canada parce que je craignais le Taliban et les musulmans extrémistes. Je vais vous raconter comment ma famille est arrivée au Canada et vous parler de la période où nous avons été sans abri.

Je détiens un bachelier en éducation et après avoir obtenu mon diplôme j’ai trouvé du travail en tant qu’enseignante. En 1997, cependant, lorsque le Taliban a pris le pouvoir, je n’avais soudain plus le droit d’enseigner. Lorsque le Taliban a perdu le pouvoir en 2002, je suis allée à une école de filles pour trouver du travail. En rentrant chez moi, un homme qui je crois était un Taliban, m’a arrêtée dans la rue. Il m’a attaché les mains ensemble et les a fouettées. Il m’a menacée, me faisant comprendre qu’ils ne tolèreraient pas que je travaille pour le gouvernement. Je suis allée chercher le secours de la police, mais ces derniers m’ont dit qu’ils n’y pouvaient rien. J’ai dû aller voir un docteur pour faire soigner les blessures à mes mains. Mes nerfs avaient été endommagés de façon permanente. J’étais terrifiée d’enseigner, car ils brûlaient les écoles de filles à cette époque. Lorsque je sortais de la maison, je devais marcher derrière mon mari.

Nous étions aisés dans mon pays natal. Nous étions propriétaires de terrains, de quelques maisons et d’une entreprise de véhicules automobiles. Notre entreprise employait environ trente personnes qui travaillaient aussi pour nous dans les champs.

Mon mari reçut une lettre du Taliban glissée sous notre porte. Ils exigeaient 300 000 dollars américains. Nous avons vendu notre entreprise et nos propriétés rapidement mais n’avons su réunir que 160 000 $. Nous étions incapables de payer le reste et nous sommes vite partis. Mon mari est parti trouver un nouveau travail dans notre nouvelle ville, mais il n’est jamais revenu. Nous avons contacté la police, mais encore une fois, ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas nous aider et nous ont prévenus que nous étions en grand danger. Pendant plusieurs mois, j’ai tenté de retrouver mon mari, mais mes enfants commençaient à être menacés et j’ai pris la décision de les retirer de l’école.

Nous étions dorénavant forcés de nous cacher et de vivre dans la terreur, et c’est là que nous avons décidé de quitter l’Afghanistan. Grâce à l’aide de la famille, nous avons pu donner 56 000 dollars US à un homme qui nous a aidé à entrer au Canada. Nous sommes arrivés à Toronto en décembre 2006 et nous avons pris un taxi jusqu’à London. À notre arrivée, j’ai parlé à la police locale qui nous a suggéré d’aller au refuge pour familles sans abri. Ma mère vivait à London et nous a offert un peu d’appui, mais sa maison était trop petite et elle n’avait pas les moyens de nous aider, et nous avons donc dû rester au refuge pendant plusieurs mois. Nous avons reçu de l’aide de notre travailleuse en service social du refuge, et elle nous a aidé à trouver un logement.

Lorsque nous avons déménagé, nous avons participé à un programme intitulé Hostel to Homes. Un travailleur de soutien communautaire et une travailleuse en service social de Ontario Works nous fournissaient un appui soutenu. Nous vivons toujours dans le même logement, mais nous en recherchons un autre parce qu’il y a énormément de problèmes sociaux dans notre complexe résidentiel. Mes enfants ont été victimes de discrimination et ils ont été battus. Notre maison a été cambriolée et nous avons vu nos voisins se faire tirer dessus et se faire poignarder. Sans compter que la présence de la police dans notre quartier nous rappelle de très mauvais souvenirs. Nous savons que nos soutiens veulent nous aider, mais le processus est lent et l’argent dont nous disposons n’est pas suffisant.

Date de publication: 
2009
Nouvel emplacement: 
London, Ontario, Canada